David Willburn
Interview et photographie / Catherine Bernier
L'artiste David Willburn, né au Texas, nous invite dans un monde où la mémoire, la matière et le paysage convergent. Enraciné dans les déserts et les canyons de l'ouest du Texas, son travail capture la poétique subtile du lieu - la façon dont le terrain façonne l'identité, et comment les surfaces peuvent contenir le poids d'une vie vécue.
Aujourd'hui installé dans la région de Dallas-Fort Worth, David puise profondément dans la géographie de sa jeunesse - ses vastes cieux, son sol desséché et ses modèles agricoles - non seulement pour s'en inspirer mais aussi pour en faire une métaphore. Grâce à une pratique fondée sur la transformation matérielle, il explore la façon dont la mémoire est à la fois stratifiée, fragile et résistante.
Chaque pièce se déploie à travers un langage tactile de peaux de peinture, de textiles réutilisés et de fragments d'emballages domestiques, faisant écho aux gestes faits à la main et au travail silencieux de la vie domestique queer. Dans ses mains, d'humbles matériaux deviennent des vaisseaux de sens, tissant des histoires d'appartenance, de soins et d'identité en évolution.
Le processus de David est à la fois intuitif et intentionnel. Par l'abstraction, il réassemble des fragments de récits personnels dans des compositions qui vibrent de textures et de couleurs, permettant à l'œuvre d'exister quelque part entre le physique et l'émotionnel - entre la maison et l'horizon.
Titulaire d'une maîtrise en beaux-arts du Vermont College of Fine Arts, M. Willburn continue d'élargir son corpus d'œuvres, jetant un pont entre l'expérience intime et des conversations plus larges sur le lieu, la visibilité et la transformation. Sa pratique n'offre pas seulement une réflexion sur nos origines, mais aussi sur la façon dont nous portons ces paysages en nous.
Dans le travail de David, la mémoire est un terrain, et l'acte de rentrer chez soi.
En mai 2024, David a participé à une résidence autogérée aux Parcelles. Il a découvert cette opportunité grâce à la publication d'un collègue artiste sur les médias sociaux - des images et des réflexions qui ont immédiatement résonné. " Leurs expériences partagées suggéraient un espace propice à la réflexion et au rajeunissement créatif", se souvient-il.
Dès l'arrivée, le cadre a dépassé toutes les attentes. La cabane, perchée à quelques mètres du rivage de l'Atlantique, offrait une expérience immersive où le clapotis rythmique des vagues devenait une toile de fond auditive constante. " Cette cadence naturelle a favorisé une atmosphère méditative, me permettant de m'engager profondément dans ma pratique artistique", explique-t-il.
La résidence n'a pas seulement offert un espace physique pour travailler, elle a aussi facilité une connexion profonde avec le paysage environnant, influençant à la fois les dimensions conceptuelles et matérielles de mon art.
- David Willburn
La solitude et la sérénité du lieu ont ouvert un espace pour l'exploration de nouveaux matériaux, de processus et des aspects tactiles et sensoriels de la création. Le paysage s'est infiltré dans son travail, informant à la fois les dimensions conceptuelles et matérielles de son art. Ce qui a commencé comme une résidence est devenu un moment charnière dans son exploration continue du lieu, de la mémoire et de la matérialité.
En réfléchissant à cette expérience, David décrit les Parcelles comme étant plus qu'un studio physique, c'est un espace qui écoute, reflète et restaure. "Le calme, la solitude et le lien profond avec l'environnement naturel offrent quelque chose d'essentiel - une occasion d'écouter, de se remettre à zéro et de se reconnecter avec sa pratique. À une époque où tant d'entre nous sont tirés dans de multiples directions, ce genre de calme concentré ne semble pas seulement réparateur, mais nécessaire."
Pour David, les Parcelles offrent ce que tout artiste recherche mais trouve rarement : du temps, de l'espace et un rythme doux qui permet à la créativité de s'épanouir sans hâte, comme les marées qui montent et descendent le long du rivage.
Suivez David Willburn / @david.willburn
Portraits par Catherine Bernier / @cath.be